jeudi 2 août 2012

Une halte au coeur du ghetto

Dans Trenchtown
Nous quittons donc Second Street pour rejoindre le Musée Bob Marley mais John souhaite faire un détour par "Devon House" pour déguster "les meilleures glaces au monde" nous dit-il. Mais auparavant, il nous dit qu'il doit faire réparer deux roues de voiture. Sur le chemin, il s'arrête dans le ghetto et descend de voiture. Il ouvre son coffre et jette ses deux roues au sol. Devant nous un vieux monsieur et un groupe de 7 à 8 jeunes qui sont assis sur les tas de pneus. Ils nous regardent et ont bien remarqué que nous ne sommes pas des locaux. La chaleur dans la voiture est intenable ; le mieux est de descendre et de toute façon on a certainement mieux à faire qu'à attendre et cuire ici. Nous descendons et saluons tout le monde. Valérie, Rémi et Juliette rejoignent John à l'arrière de la voiture. Moi, je scrute les lieux et n'ai qu'une idée en tête : rejoindre le groupe en face et aller parler avec eux. Je ne fais même pas attention à ce que John fait. Un gars la rejoint, a pris ses deux pneus et a disparu derrière les tôles. Peu importe.
La, assis sur les pneus ...
Je me roule une cigarette parce que je sais que cela va les interpeler ; forcément, ils ont mordu à l’hameçon. Ils rient, se fichent de moi. Alors je m'avance vers eux et avec un grand sourire ; je leur dis que ce n'est pas de l'herbe, que c'est du tabac français. Je leur montre. Forcément, ils veulent goûter ; je tends mon paquet. Je m’assoies à côté d'eux ; la discussion commence ; je suis français, je suis en Jamaïque pour telles et telles raisons ... bref le bla bla sur mes véritables raisons. Nous allons parler musique, évoquer quelques paroles de chansons célèbres, parler du ghetto, de la sécurité, de l'insécurité, du football (ils citent encore Thierry Henry, je parle de Zidane) ... bref, on se découvre, ils me parlent patois et je leur dis que pour se comprendre, il vaut mieux qu'ils parlent un anglais traditionnel. Alors forcément, ils se mettent à parler patois entre eux. Certains se sont rapprochés pour participer à la conversation parce que cela doit être assez "rare" qu'un touriste français vienne taper la discut' avec eux en plein Trenchtown. Très rapidement, leurs visages se sont ouverts, leurs dents blanches sont apparues et les échanges ont une fois de plus été très ouverts et très riches. Ce qui m'a fait drôle, c'est de voir une voiture de police s'arrêter devant nous. Un blanc ici ? Curieux non ! Eux savent pourquoi. J'ai une cigarette à la main. Eux ont un spliff. Sans aucune inquiétude, je relève les yeux et regarde la voiture de police qui vient de reculer doucement. Et puis, aucun échange avec les policiers ; la voiture repart. Nous nous sommes compris et parlons du sujet. Si j'avais esquissé le moindre geste en voulant jeter ce que j'avais à la main, la police serait venue. Ici un touriste qui fume de l'herbe en pleine rue, c'est directement au poste ... Derrière moi je commence à entendre ma petite famille m'appeler. Il va falloir déjà quitter le groupe dont je viens tout juste de faire connaissance. Je suis déçu. Je les salue. Plusieurs se lèvent et me serrent la main en signe de reconnaissance. Je suis flatté et j'avoue que je les quitte le cœur serré.
Je rejoins la voiture mais avant de monter, le mets la main à la poche et leur demande si je peux prendre une photo du groupe ; ils sont ok. J'ai droit à un grand sourire et des signes de reconnaissance une fois de plus. Je les remercie mille fois et monte en voiture. John me regarde ; il est mort de rire. Les miens aussi et ils savent combien je suis ému d'avoir vécu cette expérience ...
Ce peuple jamaïcain est formidable !
Nous quittons Trenchtown, je prends quelques photos depuis la voiture.
Devon House
Devon House : cet endroit n'a plus rien à voir avec Trenchtown. Il s'agit d'un grand parc renfermé et protégé qui abrite quelques commerces, des boutiques souvenirs, de magnifiques arbres ; le site s'est construit autour d'une magnifique maison blanche (désormais classée) construite en 1881 par un millionnaire jamaïcain. Nous allons nous rendre chez le glacier pour déguster ces fameuses spécialités. Je ne sais pas si les glaces sont les meilleurs du monde mais ce qui est sûr, c'est qu'on s'en lèche encore les babines. Pour ma part, j'ai forcément choisi la "Jamaica 50" en l'honneur du 50ème anniversaire de l'indépendance de la Jamaïque. Elle est vert (pistache), jaune (ananas) et noir (des grains de café sucrés). Celle-là, c'est la meilleure du monde !!!

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